Qui a peur de Virginia Woolf ?
une tragédie du quotidien, entre désespoir de vivre et d'aimer
Qui a peur de Virginia Woolf ?
une tragédie du quotidien, entre désespoir de vivre et d'aimer
Le couple dans le théâtre du XXè siècle
(extrait de l'appel à contribution du colloque, février 2006, à Montpellier)
La figure du couple se trouve au centre d'un grand nombre de pièces de théâtre. Depuis la fin du XIXè siècle, le théâtre s'est mis à illustrer de façon récurrente le thème de l'incommunicabilité au sein du couple, du couple en crise.
Le langage est le lieu d'exercice du combat. Le rapport entretenu entre chacun des partenaires est révélateur de la complexité et de l'ambivalence du désir amoureux tel qu'il s'exprime dans la relation conjugale: affirmation de l'individualité, mais aussi tentative de fusion avec l'autre. par conséquent la scène conjugale est un cercle vicieux, une chose "agitée et inutile " comme l'écrit Roland Barthes.( Fragment d'un discours amoureux). C'est un jeu cruel dans lequel la parole est une arme qui sert à "châtrer" l'adversaire. C'est cette lutte dans laquelle la parole est à la fois une arme de défense et une arme d'attaque que le théâtre n'a cessé de mettre en scène.
Si le théâtre est sans doute le genre le plus adapté pour représenter la querelle ( qu'elle soit conjugale ou pas), inversement la querelle conjugale est déjà théâtrale :" lorsque deux sujets se disputent selon un échange réglé de répliques, ces deux sujets sont déjà mariés" écrit Barthes.
En France, dans le théâtre de la fin du XIXè , on relèvera le traitement farcesque du thème (Courteline La peur des coups 1894); son utilisation dans le vaudeville (Feydeau, dès le début du siècle, rompt avec le grand vaudeville à quiproquos qui fit sa gloire dans les années 90 et ose, pour la première fois, donner à voir l'enfer du couple et son sordide quotidien: Feu la mère de Madame, 1908; On purge Bébé , 1910); le théâtre d'amour (Henry Bataille ou Henry Bernstein Le secret 1913); le théâtre d'idées (Paul Hervieu Les tenailles ).
A l'étranger, tandis qu'un Ibsen (Maison de poupée) rêve encore, en 1879, d'une émancipation possible de la femme, et de l'être humain en général, et d'une sortie possible de l'enfer du couple, August Strinberg en 1887 ( Père ) et 1900 ( La Danse de mort ) ne voit aucune issue à la guerre des sexes. Dans l'univers de Stringberg, on ne part pas,on n'échappe ni à l'enfer conjugal, ni à l'enfer de la condition humaine.
On notera aussi la récurrence au vingtième siècle des pièces s'organisant autour d'un quatuor, de l'affrontement de deux couples( Edward Albee, Qui a peur de Virginia Woolf ?, Ingmar Bergman, Scènes de la vie conjugale, Lars Noren, Démons ).
Le combat intersubjectif révèle un déchirement intérieur; le théâtre du couple est un théâtre du Moi, souvent imprégné de psychanalyse, où grande est la place du fantasme, et où s'interfèrent le réel et l'imaginaire.
Mais il est aussi un théâtre qui réfléchit sur le lien, opposition ou analogie, entre le couple et la communauté, qu'elle soit familiale, politique ou sociale. Le théâtre du couple, théâtre de l'intime, est aussi un théâtre éminemment politique et militant.
Ce sont les mêmes rapports fondamentaux qui sont au fondement du lien social et du lien conjugal. L'échec conjugal renvoie la plupart du temps à l'échec familial ( la stérilité est un thème obsessionnel), et social( les personnages sont souvent des laissés pour compte, des ratés), voire même à l'absurdité de la vie toute entière et de notre condition qui est de souffrir et de faire souffrir. Au chaos intime répond l'incohérence du monde.
Alexandre
Charlet
Suzanne
de Morlhon
Alexis
Gigord
Jasmine
Dziadon
Didier
Lagana
Hervé
Lavit
Patrick
Oton
Dominique
Raynal
Jean-Louis
Sol