Edward Albee
 
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EDWARD ALBEE et le nouveau théâtre américain


Le nom d'  Edward Albee reste intrinsèquement lié à sa pièce légendaire :

Qui a peur de Virginia Woolf ?. C'est elle qui l'a placé au rang des plus grands dramaturges américains, auprès de Arthur Miller et  Tennesse William.


Un demi-siècle après sa création à Broadway, la pièce garde toute son acuité et sa virulence, car elle touche à l'universel comme une tragédie grecque ou shakespearienne. Certes, on retrouve dans son oeuvre des échos des philosophies qui ont jalonné son parcours : l' existentialisme, la révolte face à l'absurdité de la condition humaine oscillant entre Beckett, Ionesco,Camus et surtout Genêt dont il se sent proche. Mais c'est avec  Pinter qu'apparaissent les plus subtiles correspondances.

L'approche d'Albee demeure la plus singulière. Ses dialogues, soigneusement décrochés du quotidien, restent intrinsèquement liés à une série de traditions et de thèmes typiquement américains: la psychanalyse sauvage des rapports familiaux, qui met l'accent sur le matriarcat et la dévirilisation insidieuse du mâle américain, les forces de mort d'une civilisation cherchant à liquider les non productifs et les inadaptés.

Le génie d'Albee, c'est aussi de correspondre à une certaine inquiétude et d'anticiper la nécessaire remise en question du fameux rêve américain, titre d'une de ses oeuvres.


Le théâtre d'Albee est intimement lié à son propre parcours, à ses révoltes, à ses choix de vie. Il est né dans le théâtre; sa famille adoptive (il a été adopté quinze jours après sa naissance en mars 1928 ), son père et son grand père exploitaient des théâtres, et le jeune Edward s'y trouvait plus à l'aise que sur les bancs des écoles. Sa nature indépendante y découvrait d'autres repères.

Il y  fut élevé dans le luxe des Rolls-Royce et des leçons particulières.

Sa nature indépendante, son rejet de l'ordre établi l'ont amené à s'affronter violemment avec sa mère adoptive jusqu'à la rupture lorsqu'elle a appris son homosexualité et l'a mis à la porte en le déshéritant.

A dix-huit ans, seul sur le pavé de New York, il lui fallut une grande force de caractère pour survivre et se reconstruire. Il est tour à tour garçon de courses, vendeur ou barman, et il écrit. C'est le théâtre qui a redonné un sens à sa vie, avec une première pièce Zoo Story, montée à Berlin en 1959, avant de l'être un an après dans le off-Broadway, suivi du Tas de sable, qui annonce Oh! les beaux jours de Beckett

En 1962, c'est "le sacre" ave
c Qui a peur de Virginia Woolf? , couronné en 1963 par le "Tony Award " de la meilleure pièce. Elle tiendra l'affiche quinze mois à Broadway, inspirera à  Mike Nichols  un superbe film avec Elisabeth Taylor et Richard Burton qui connut un immense succès et , à l'étranger, inspirera de grands metteurs en scène, Ingmar Bergman à Stockholm ou Franco Zeffirelli à Paris.

Suivront d'autres aussi grands succès comme Tiny Alice en 1964, et Delicate Balance en 1966, consacré par le prix Pulitzer, récompense suprême au théâtre. Il en recevra trois au cours de sa carrière. Les succès s'enchaînent, Seascape en1975, Three Tall Women en 1994. Et en 2005, un spécial Tony Award consacre l'ensemble de son oeuvre et  sa place de leader du théâtre américain d'aujourd'hui.

 


Le traducteur,  Daniel Loayza:

               

                                                    un spécialiste du théâtre américain


        Spécialiste de littérature anglaise et américaine, mais également du théâtre grec, Daniel Loayza a  accompagné Georges Lavaudant sur de nombreuses créations qui s'étalent de l' Orestie d’Eschyle à La Tempête d'après William Shakespeare.

Il a également travaillé sur des traductions et des adaptations avec Patrice Chéreau, Irina Brook, Luc Bondy,Ariel Garcia Valdès...Le metteur en scène, Dominique Pitoiset, actuellement à la tête du théâtre de Bordeaux,après l'avoir associé à la dramaturgie de Mort d'un commis voyageur de Arthur Miller, lui a demandé une nouvelle traduction pour la pièce d' Edward Albee :

Qui a peur de Virginia Woolf ?

Au départ, l'équipe américaine était très réservée. Mais le naturel de sa traduction, sa recherche de la texture du mot, de ses allitérations ont convaincu. Incontestablement, le gras du mot est restitué avec toute sa saveur.

Cette traduction, directe, naturelle, s'encanaille des verdeurs crues et acides de la rue, pour jouer la provocation et se fondre dans la peau des personnages; c'est ce qui a séduit le metteur en scène et les comédiens de la compagnie de l’écharpe blanche.

 
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